Alphonse Landler ancien de Dien Bien Phu
parrain de la 296° promotion de l’ENSOA

En 2014, année de commémoration du 60ème anniversaire des combats et de la chute de Diên Biên Phù,
l’Ecole Nationale des Sous-officiers d’Active a décidé d’honorer ces soldats, ces héros qui ont combattus en Indochine,
en donnant le nom de l’un d’entre eux à la 296°promotion :
« Adjudant-chef Alphonse LANDLER » 
Pour sa conduite et ses faits héroïques dans la cuvette de Diên Biên Phù,
il obtient la Croix de guerre TOE avec l’attribution d’une palme et deux étoiles d’argent avec cette citation :
« Parachutiste dont le nom doit figurer au palmarès des meilleurs combattants de Diên Biên Phù ».
Il sera décoré de la Médaille militaire en juillet 1956. Ses faits d’armes lui ont valu une aura de guerrier.

 

Notre camarade Alphonse LANDLER, Adjudant-chef parachutiste de la « Coloniale »,
ancien de Diên Biên Phù, décédé le 13 juillet 2010, a été instructeur combat à l’ENSOA de début 1964 à novembre 1965 (départ à la retraite).
Il était sociétaire de la SNEMM et de la 886ème section depuis 1965.

Le parrain de la promotion est titulaire des décorations suivantes :
Officier de la Légion d’honneur.
Médaille militaire.
Croix de guerre des T O E avec une palme, une étoile d’argent et une étoile de bronze.
Croix de la Valeur militaire avec une palme et une étoile de bronze.
Médaille commémorative de la campagne d’Indochine.
Médaille commémorative des opérations de sécurité et du maintien de l’ordre en A F N.
Médaille coloniale avec agrafe «Extrême-Orient».
Médaille des blessés militaires.

Cette promotion en formation au 1er bataillon du 03 mars au 31 octobre 2014
est composée d’élèves Sous-officiers, masculins et féminins, arrivant directement du civil.

La cérémonie de baptême s’est tenue le mercredi 21 mai 2014 à 10h00 sur la place d’armes « Le Chevron » au quartier Coiffé
sous la présidence du général Patrice Paulet, commandant l’ENSOA, en présence de la veuve du parrain et de sa fille.
La Société Nationale d’Entraide de la Médaille Militaire était représentée par son Président général, Monsieur Jean-Paul Martin
accompagné de Monsieur Marcadeux, administrateur national, de Monsieur Bonnard, président de l’UD79 et de la 886° section,
des présidents des sections de Niort, de Bressuire, de Cerisay, de Melle, de Frontenay, de Coulonges
et d’une forte délégation de Saint-Maixent dont les anciens d’Indo.



Après avoir saluer le fanion du 1er bataillon, le général commandant l’Ecole
passe la 296ème promotion en revue puis procède à la remise d’une ONM.
L’Elève-chef bataillon s’avance alors au centre de la place d’Armes et demande :
« Mon général, quel nom donnerez-vous à la 296ème promotion ? »
« La 296ème promotion portera désormais le nom de : Promotion Adjudant-chef Alphonse LANDLER ».

Après la présentation du reliquaire, l’évocation du parrain est prononcée.
Elle est suivie de la sonnerie aux Morts et de La Marseillaise chantée par la promotion et l’assistance.
La cérémonie de remise de l’insigne précède le chant de promotion qui clôt la prise d’armes.

Le pro patria de l’Adjudant-chef LANDLER a été rédigé par l’ENSOA.
Adjudant-chef Alphonse LANDLER



Né le 21 mars 1927 à Libourne, de parents agriculteurs, Alphonse LANDLER est l’aîné d’une famille de sept enfants.

Il s’engage le 7 février 1947 au 5° Bataillon Parachutistes d’Infanterie Coloniale de Tarbes où il suit sa formation de parachutiste
et obtient brillamment son brevet. Après huit mois d’instruction, il est envoyé en Indochine.
Avec son unité, devenue le 2° Bataillon de Parachutistes Coloniaux (2° BPC), il opère dans la forêt de Lai Thieu,
sanctuaire du 301° régiment d’élite Vietminh.

Nommé 1ère classe le 1er juillet 1948, il se distingue dès le lendemain par son courage au combat
après un saut sur Ap My Qui, puis dans la région de Long-Xuen avec la 8° division navale d’assaut.

Onze jours plus tard, après une nouvelle opération aéroportée à Rom, alors qu’une troupe rebelle prend à partie son groupe de saut,
il fait preuve d’un sang-froid remarquable en engageant le combat. La forêt de Lai Thieu est alors le théâtre d’âpres combats
au cours desquels le bataillon subit de lourdes pertes.

Le 9 septembre 1948 lors d’une embuscade sanglante, son chef de corps et 51 de ses camarades tombent. Il y aura plus de 200 blessés.

Ces 21 mois de combats et 6 opérations aéroportées marqueront son premier passage en Indochine avec la 4e compagnie du 2ème BPC
et lui vaudront l’attribution de la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures.

Alphonse Landler rejoint la France le 12 décembre 1949. Il est à nouveau appelé pour l’Indochine six mois plus tard.

Il est affecté au bataillon de commandement de la 1ère Demi-brigade Coloniale de Commandos Parachutistes (1re DBCCP)
puis à la Base Aéroportée Sud. Débutent deux années d’opérations ininterrompues pendant lesquelles
il œuvre à la réouverture de la route coloniale n° 6 et à la désorganisation des réseaux Viet Minh.
Durant cette période, le caporal Landler exécute une série de coups de main amphibies sur les côtes du Sud Annam,
participe à sept opérations aéroportées et se distingue à plusieurs reprises au combat.

En janvier 1952 : des groupes Viet Minh attaquent son point d’appui à l’arme lourde.
Il les repousse plusieurs fois mais l’ennemi finit par avoir raison de sa détermination.
Avec courage et audace, il contre-attaque, allant jusqu’au corps à corps pour reprendre son poste.
Il se porte volontaire en octobre 1952 pour rejoindre le 8° Groupement de Parachutistes Coloniaux (8° GPC).

Le 12 décembre 1952, il participe à l’opération « Danielle » dans la région de Tan Uyen au Sud-Vietnam.
Parachuté au milieu d’un groupe rebelle, il est pris à parti. Arrivé au sol, le caporal-chef Landler engage le combat,
s’empare des positions Vietminh et fait un prisonnier.
Le 3 février 1953, au cours de l’opération de débarquement de Quy Nhon,
pris sous un feu nourri lors de la reconnaissance du village de Phuc Hoa, il s’empare d’une infirmerie rebelle.

Le 20 novembre 1953, l’opération « Castor » est déclenchée.
La 16e compagnie du 8° GPC saute sur Diên Biên Phù et assure la défense du camp retranché.
Après avoir contribué à la remise en état du terrain d’aviation, le caporal-chef Landler effectue des raids dans la profondeur jusqu’au Laos
et participe à toutes les contre-attaques visant à dégager les points d’appui menacés.
En un mois, la compagnie perdra les trois quarts de ses effectifs.
Son capitaine et tous les chefs de section tomberont également sur le champ de bataille.
Il reçoit ses galons de sergent dans le camp retranché de Diên Biên Phù le 1er janvier 1954.

En février 1954, son contrat n’est pas reconduit. N’ayant aucune possibilité de rejoindre la métropole,
il reste bloqué dans le camp retranché. Cela n’affecte en rien sa détermination et lorsqu’à la mi-mars les combats se durcissent,
Alphonse Landler se fait remarquer par sa force de caractère et un courage hors du commun en entraînant un groupe d’hommes à l’assaut,
causant à l’ennemi des pertes significatives et permettant le dégagement des positions Dominique II et Eliane II.
Il quittera la cuvette fin mars et s’envolera pour la France le 4 avril 1954.

Pour ces faits héroïques, il obtient la Croix de guerre TOE avec l’attribution d’une palme et deux étoiles d’argent avec cette citation :
« Parachutiste dont le nom doit figurer au palmarès des meilleurs combattants de Diên Biên Phù ».
Il sera décoré de la Médaille militaire en juillet 1956.
Durant ces 4 années de guerre, il aura effectué 7 opérations aéroportées avec le 8ème Bataillon Parachutistes de Choc.
Ses faits d’armes lui ont valu une aura de guerrier.

De retour en France, il est affecté à la 1ère DBCCP où il sert jusqu’ au 19 octobre 1955.
Le 3 novembre 1955, face à la montée en puissance des mouvements insurrectionnels en Afrique du Nord,
il rejoint le 2° Régiment de Parachutistes Coloniaux (2° RPC) tout juste reconstitué.

En octobre 1956, suite au coup de force de l’Egypte de Nasser sur le canal de Suez,
la France et le Royaume-Uni déclenchent « la guerre de Suez ».
Désigné pour l’assaut initial, le 2° RPC est engagé dans l’opération « Mousquetaire ».
Le sergent-chef Landler est parachuté le 5 novembre 1956 sur Port-Saïd dans la zone sud.
Sous le feu nourri de la résistance égyptienne, il regroupe les derniers éléments de sa section,
en prend le commandement et conduit ses hommes à l’assaut de l’objectif, contribuant au succès rapide de cette opération aéroportée.
Il sera décoré de la Croix de guerre TOE avec étoile de bronze.

De nouveaux défis l’attendent dès janvier 1957.
Son régiment est l’un des premiers à être engagé dans la bataille d’Alger destinée à mettre fin au terrorisme du Front de Libération National (FLN).
En mai 1957, les parachutistes du « 2 » reprennent le chemin du djebel.
Le 3 juin 1957, dans un contexte de guérilla dans la région d’Ihaziene,
Alphonse Landler se heurte à une forte bande rebelle retranchée dans une zone rocheuse.
La section est fixée sous le feu nourri de l’ennemi. Il en prend la tête, galvanisant ses hommes.
Il réduit le nid de résistance à la grenade et s’empare de l’objectif.
Le 24 février 1958, lors des combats de Mzerena,
il commande les tirs du canon de 57 SR sur une forte bande rebelle en possession d’armes automatiques.
Il tombe blessé par balle. Il sera évacué au Val-de-Grâce par voie aérienne.
Pour ces faits de bravoure, il obtiendra la Croix de la Valeur militaire avec une palme
et une étoile de bronze et sera fait Chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1958.

Rétabli, il retournera en Algérie au 2° Régiment Parachutistes d’Infanterie de Marine (2°RPIMa) jusqu’en septembre 1960.
Il sera désigné pour un séjour colonial au Sénégal au 7° Régiment Parachutistes d’Infanterie de Marine (7° RPIMa).
Début 1964, Alphonse Landler est muté à l’École Nationale des Sous-officiers d’Active en tant qu’instructeur combat
et encadre les élèves de la première promotion.
Il quittera le service actif en novembre 1965.
A l’occasion du 60° anniversaire de la chute de Diên Biên Phù,
il convient de se rappeler de ces héros qui comme lui, se sont battus en Indochine.

Sous-officier d’exception, Alphonse Landler laisse le souvenir d’un meneur d’hommes, au charisme et à la valeur reconnus de ses chefs et de ses hommes.

Élèves Sous-officiers de la 296° promotion, soyez fiers de votre parrain.

 

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